La place où elle se trouve s’est successivement appelée : Place des Arbres, Place de la Grande Fontaine, et, plus récemment, Place Crousillat. Mais les Salonais la désignent couramment sous le nom de « Place de la Fontaine Moussue« . C’est dire que la fontaine en a toujours été le monument, le centre de gravité de la ville, le témoin de son Histoire. La date de sa création n’a jamais pu être définie avec exactitude. Au XVIème siècle, elle existait déjà.
Le calme qu’on y apprécie aujourd’hui ne régnait pas le 28 août 1588, c’est le moins qu’on puisse dire. En pleine guerre de religion, une sédition populaire éclata près de la fontaine et le Consul de Salon d’Eyguesier y livra bataille contre les émeutiers. En effet, à cette époque, profitant de l’éloignement du gouverneur de Provence le duc de la Valette, Jean de Cordes, chef des ligueurs en lutte contre le Roi (guerre civile qui dura 13 ans, de la mort d’Henri III à la conversion d’Henri IV), rallia une grande partie de la population, et l’émeute éclata place des Arbres. Le Consul dut se replier et se réfugier au château de l’Empéri.
Devant la fontaine on plante l’arbre de la liberté, et comme la liberté prend vite racine, trois ans plus tard elle atteint 60 pieds de haut (18 mêtres). Mais en 1795 pour que le vent ait moins de prise on raccourcit la liberté aux Salonais. En 1799, l’arbre de la liberté meurt, Jean Baptiste Boissin le remplace par un platane. A l’angle opposé sera planté un second platane. On peut encore actuellement admirer l’un et l’autre.
Le calme revenu, la fontaine était la bienvenue pour les troupeaux de moutons et d’ânes transhumant vers les alpages, tandis que les bergers buvaient un bon vin perlant de sa rosée.
Crousillat notre grand Félibre demeurait près de la « belo grand-fouent espeloufido » (belle grande fontaine échevelée). Plus tard, les coureurs du Tour de France exténués se précipitaient dans le bassin.
Ce n’est qu’après la guerre de 40 que les concrétions calcaires, auxquelles se joint la mousse, vont souder les deux vasques, lui donnant sa forme de champignon si caractéristique qui l’a rendue unique au monde.