Quand on parle de la famille Hamou à Salon-de-Provence, tout le monde se souvient de Roger Hamou, célèbre commerçant du Cours Gimon. Ou encore de Hélène Meiffre, ancienne infirmière qui s’occupe aujourd’hui de l’Entraide Solidarité 13 de Salon-de-Provence.
Mais il y a un autre membre de la famille qui s’est fait un prénom à Salon, de par son parcours personnel et pour son investissement auprès des personnes atteintes d’un handicap, c’est Jonathan.
Je suis né et j’ai grandi à Salon en rêvant de devenir pilote de chasse, sans doute en raison de la proximité avec la base aérienne. Malheureusement, lycéen, le sport et les sorties m’intéressaient davantage que les études et j’ai dû renoncer à cette ambition. Très tôt, j’ai voulu être indépendant. J’ai été papa très jeune, à 20 ans. Ainsi, j’ai enchaîné plusieurs métiers : équipier dans un fastfood, agent logisticien, vendeur… Mais aucun de ces métiers ne me correspondait vraiment. Ce que je voulais, c’était voyager, découvrir le vrai monde, pas celui de la télé. Quand ma fille a eu 3 ans, c’est tout naturellement que j’ai décidé de m’engager dans l’Armée de l’Air.
On peut dire cela. Je me suis épanoui, j’ai même fini major de promotion avant la spécialisation de fusillé commando et grâce à cela, j’ai rapidement pu rejoindre l’unité de l’Armée de l’Air que j’avais choisie.
Ce-pendant, en 2013, en Afrique, tous mes projets et le plan de carrière que je m’étais fixés se sont arrêtés subitement. À l’occasion d’un exercice de terrain, une grenade que je tenais entre les mains a explosé en raison d’un défaut de fonctionnement. J’ai été directement pris en charge par mes collègues qui ont eu les bons réflexes et qui m’ont sans doute sauvé la vie. Mon pronostic vital était toutefois engagé. J’ai été évacué et rapatrié à l’Hôpital militaire de Percy en région parisienne. Quand je me suis réveillé au bout de 3 jours, je n’avais plus de mains !
J’ai fait 6 mois d’hôpital, avec des opérations tous les 3 jours pendant le mois que j’ai passé en réanimation avant d’être transféré en orthopédie. Dans cette épreuve, la chance que j’ai eue, c’est d’avoir été opéré par des chirurgiens militaires habitués des amputations. Ils ont tout mis en œuvre pour conserver un maximum de muscles, afin de permettre ensuite le port de prothèses. Et avoir des prothèses, c’est essentiel, c’est presque comme retrouver de vraies mains. Cela me permet notamment de tenir deux objets en même temps, d’avoir une gestuelle qui se rapproche de celle d’une personne non handicapée. Avoir des prothèses, plutôt que des moignons, cela change également le regard des autres !
ll y a deux facteurs qui ont été essentiels dans ma reconstruction : l’accompagnement de mes proches et le sport. Si j’en suis là où je suis aujourd’hui, c’est essentiellement grâce à ma famille, notamment mes parents, mon épouse, mes filles, ma sœur, son mari et mes amis proches qui m’ont accompagné à chaque étape, ainsi que la CABMF (Cellule d’Aide aux Bléssés, Malades et Familles de l’Air et de l’Espace) et les amis de l’Armée. Et puis il y a le sport… J’ai fait tous les stages de reconstruction par le sport proposés par l’Armée. Et ça a marché ! Le sport m’a permis à la fois de prendre un nouveau départ et de vivre des expériences que je n’aurais jamais vécues. J’ai eu la chance de participer en 2016 à Orlando et 2018 à Toronto aux Invictus Game, des jeux para-sportifs dans le domaine de l’armée, créés par le Prince Harry.
A cette occasion, sous les yeux de mon épouse et de ma fille, j’ai été quatre fois médaillé en course 400 mètres, relais 4×100 mètres, 1500 mètres et rameur en salle. A l’issue des Invictus Game, j’ai également été sélectionné en équipe de France paralympique de Taekwondo, puis de Snowboard. Pour les sports de combats, c’était compliqué car j’ai concouru dans une catégorie au sein de laquelle les participants avaient tous leurs membres. En snowboard, et plus particulièrement en bordercross, j’ai été dans le top 10 à presque toutes les compétitions, notamment dans le cadre du circuit de la Coupe du Monde.
Deux ans après mon accident, j’ai repris le travail en tant qu’aide de camp sur la base aérienne de Salon. Je tenais à reprendre le travail. J’ai fait de l’administratif, de l’accueil, de la logistique, du protocole, comme l’ensemble des autres collaborateurs.
Mener à la fois ma carrière professionnelle, ma vie de famille et ma vie de sportif de haut niveau est devenu au bout de quelque temps difficile. Aussi, après 3 ans, j’ai décidé de quitter l’armée pour me consacrer entièrement au snowboard. Puis le Covid est passé par là et a mis finalement un terme à mon parcours en équipe de France. Cela reste un regret ! J’ai rebondi, encore une fois grâce au sport, en préparant un diplôme d’éducateur sportif. C’est à l’occasion de cette formation que j’ai découvert l’Office Municipal des Sports de Salon. Une équipe exceptionnelle qui m’a confié une mission correspondant à mes aspirations : développer le sport en direction des publics atteints d’un handicap. Une nouvelle carrière a débuté.
Depuis septembre dernier, je suis salarié de l’OMS. Cette structure porte de nombreuses actions en faveur des personnes handicapées. Si je devais en retenir une seule, ce serait les stages adaptés 100% gratuit pour les jeunes de 7 à 17 ans atteints d’un handicap. À chaque “petites vacances scolaires“, nous proposons une journée de stage et l’été une semaine. Ce qui me touche particulièrement, c’est quand les parents nous confient que leurs enfants vont mieux depuis qu’ils participent à ces stages ! Le bénéfice est triple car on aide les proches aidants en leur offrant une solution de garde de qualité, on sensibilise les éducateurs et on sociabilise les enfants !
Pourquoi pas rejoindre la réserve militaire ! Mais je m’épanouis vraiment dans ce que je fais aujourd’hui car j’ai le sentiment de servir réellement à quelque chose. Avant tout, mon projet est de me poser un peu car on peut dire que mes 30 premières an- nées ont été un peu mouvementées.